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  • ecritsdeminuit

Journée internationale des droits des femmes `

Un grand besoin de reconnaissance


A l'occasion de la journée internationale des droits des femmes, j'aimerais revenir sur leur rôle majeur dans l'avancée des techniques de cinéma. Il faut savoir qu'Hollywood a, par exemple, été créé en grande partie par des femmes dans les années 1920. Monteuses, productrices, réalisatrices, scénaristes et même patronnes de studio, parmi elles, je me tourne vers Alice Guy, toute première cinéaste au monde, pionnière du 7ème art, souvent oubliée des livres et de l'Histoire du cinéma.


Au début d’Hollywood, le ­cinéma était pris au mieux pour un divertissement. Les femmes ont pu accéder à tous les postes du cinéma car tout restait à faire dans ce domaine.


Elles réalisaient ainsi des films sociaux et politiques (Lois Weber, par exemple, a tourné des films sur les droits civiques, en faveur de la cause des Noirs) ; Alice Guy, quant à elle, a tourné entre 600 à 1 000 films, de la comédie au film de science-fiction, en passant par le Western, mais aussi des petites scènes tournées aux Buttes Chaumont.


Le rôle majeur de celle-ci dans le cinéma que nous connaissons commence juste à être reconnu. Elle est considérée comme la première personne qui a découvert le potentiel narratif du cinéma.


En 1895, alors qu’elle travaillait comme secrétaire chez Léon Gaumont, elle a pu découvrir l’invention du cinématographe des frères Lumière lors d'une démonstration technique. Là où la plupart n’y voient qu’une innovation technique limitée à un intérêt scientifique ou à une attraction de foire, elle a su y voir un moyen de raconter des histoires, de susciter des émotions à travers la narration, le son et l'image.


Alice Guy se passionne immédiatement pour cette technologie. Gaumont souhaite commercialiser des projecteurs et des "caméras" : pour cela, il doit faire la démonstration de ses appareils. Elle convainc Léon Gaumont de la laisser tourner ses premiers films, des formats courts qui permettront de faire des démonstrations techniques des appareils.

Ceci donnera naissance, bien avant Georges Méliès, précurseur reconnu du cinéma, au film intitulé « La Fée aux choux » en 1896. Combinant fiction théâtrale et images en mouvement du procédé cinématographique, elle devient ainsi la toute première réalisatrice au monde.


Surpris par le résultat et curieux des perspectives offertes, Gaumont décida de la placer à la tête de la création d’un département de cinéma de fiction.


Ainsi, non seulement elle fut la première réalisatrice, mais aussi la première productrice de l'Histoire du cinéma. Elle fut pionnière également dans les effets spéciaux (Méliès ne cacha pas d’ailleurs avoir été influencé par ses travaux), mais apporta beaucoup dans la connaissance du montage et fut surtout la première à penser à synchroniser un gramophone et les images pour donner plus de relief à l'histoire. C'est ainsi la première personne à introduire le son au cinéma.


Après son mariage avec le caméraman Herbert Blaché, elle déménagea aux États-Unis, où elle contribua fortement à la naissance d’Hollywood en créant son propre studio cinématographique, la Solax, le 7 septembre 1910 à New York puis à Fort Lee dans le New Jersey, la cité du cinéma avant Hollywood.

En 1905, elle réunit des comédiens et près de 300 figurants pour un tournage hors norme. Le film s’intitule La Vie du Christ, il dure 33 minutes et c’est le premier péplum de l’histoire du cinéma.


Avec 25 000 dollars par an, elle devient la femme la plus riche des États-Unis. Alice Guy est une star et elle est de toutes les fêtes mondaines. Son studio de cinéma est le plus grand du pays dès 1912.


Malheureusement, les réalisatrices ou productrices de talent ont été mises de côté quand le cinéma est devenu une industrie dans les années 30, chassées par les hommes après la crise financière de 1929 et ce n'est que depuis peu que l'on s'intéresse aux actrices majeures de l'essor d'Hollywood, mais plus généralement du cinéma.

S'ensuit alors une descente aux enfers pour Alice : après son divorce en 1921, elle se retrouve ruinée et décide de rentrer en France. Elle découvre alors que ses productions françaises ne lui appartiennent plus et qu'elles ont été revendiquées par d'autres. Elle n'a jamais pu relancer sa carrière cinématographique.


Alice Guy meurt en 1968 aux États-Unis sans avoir jamais pu rassembler l'ensemble de sa filmographie de sa carrière. Ses mémoires sont publiées en 1976 mais le mal est fait : Alice Guy a durablement été effacée de l'Histoire du 7ème Art.


Un très beau documentaire a été réalisé, Be Natural, dont voici la bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=4iH1sKdwi9k&ab_channel=MovieclipsIndie.

Son but est de réhabiliter la mémoire de cette cinéaste à la manière d'une enquête.






Petites scènes tournées aux Buttes Chaumont : https://www.youtube.com/watch?v=8BOBQa7HGOE&ab_channel=LookingForAlice



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