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Robocop, Paul Verhoeven (1987) - Part I

Découvrons le chef d’œuvre de science fiction de Paul Verhoeven à travers deux séquences sélectionnées pour vous, afin de refléter au mieux le propos du réalisateur.

Séquence 1 : Une mort ou une renaissance ?


Dans cette séquence, Murphy et sa coéquipière Anne Lewis s’introduisent dans le repaire de criminels recherchés par la police.


Anne et Murphy, coéquipiers de la Police de Detroit (Michigan).


Tous les éléments de corruption et de vices sont réunis dans cette pièce où se trouvent Emil et un de ses acolytes : on a une vue en contreplongée de ces deux personnages avec, au premier plan, un fusil d’assaut ; ils regardent des programmes de télévision assez stupides, avec des femmes dénudées qui les font rire ; il y a de l’argent qui se trouve dans une panière avec du sang. Murphy arrive dans la pièce par une vue subjective lorsqu’il observe les deux personnages et c’est au moment où Emil prononce « Tu te crois immortel toi ? » que Murphy tue le voyou à côté d’Emil et pense pouvoir arrêter Emil « mort ou vif ». Le piège se referme sur lui et la séquence devient synonyme de violence exacerbée : par une vue en contreplongée puis en plongée sur Murphy qui se fait encercler par la bande de criminels réunie, le spectateur est en empathie avec Murphy qui se trouve en détresse, démuni de son arme jetée dans la panière où l’argent et le sang se trouvent. Un personnage apparaît comme le rival suprême de Murphy : Clarence. Par un travelling avant sur le visage de Murphy lorsque celui-ci s’avance, d’une façon désabusée en mâchant un chewing-gum, on s’attend à une opposition féroce entre les deux hommes, renforcée par un plan de profil des deux personnages. Clarence enlève même le casque de Murphy pour le mettre sur la tête d’Emil, qui n’a alors plus aucune défense en tant que policier. La violence ici est montrée au grand jour, et a même été censurée dans sa version originale par la MPAA (Motion Picture Association of America) : des plans se succèdent sur les canons des armes, sur le démembrement de Murphy. Les cris qui se font entendre sur les gros plans du visage de Murphy sont un signe d’absolue détresse et de souffrance, d’autant plus que sa coéquipière observe la scène par une grille, d’un point externe donc, et arrive trop tard. L’humour noir et le paroxysme de l’acharnement physique par son exagération, son côté absurde, sont ici des éléments qui rendent en fait acceptable tant de violence. Cette scène fait inévitablement penser au sacrifice du Christ sur la croix car ce sont ses mains et bras qui sont en premier touchés par les tirs des balles et l’acharnement sur lui par les criminels ressemble à une exécution froide, achevée par ce qui pourrait être Satan : Clarence, qui lui tire une balle en pleine tête. Il s’agit ici pour le réalisateur Paul Verhoeven de montrer un portrait décadent qui est sa vision des Etats-Unis dans les années 1980 : beaucoup de violence, l’utilisation exacerbée d’armes, l’époque de Reagan où la consommation, l’excès et l’autosatisfaction étaient, selon lui, particulièrement présents.


Une musique orchestrale, quelque peu héroïque et fantastique, se fait entendre, puis le son in de la scène où il entre à l’hôpital arrive progressivement sur des plans en vue subjective de Murphy. Le montage alterne cette vue et des plans (gros plans et plans larges) sur ses yeux et son corps ensanglanté sur lesquels sont effectués des soins et des électrochocs.

Des flash-backs lui reviennent en tête, notamment celui où sa femme et son fils lui disent au revoir : tout laisse penser au spectateur que Murphy, héros du film tué au bout de seulement 25 minutes, ne va pas s’en réchapper. Ceci est renforcé par la voix des médecins et soignants qui portent des commentaires très pessimistes sur son état dont le dernier « heure du décès ? ».


Un plan noir apparaît : toute la subtilité réside ici dans le fait que ce soit une voix subjective. En effet, des voix in, et non pas off, se font entendre et le spectateur attend maintenant une transformation sur le corps de Murphy.

Après des ajustements du cadre, entremêlés de brouillements d’images de type télévision numérique et de bandes horizontales sur l’image, on voit enfin le premier élément non- humain du désormais Robocop : un bras artificiel.




L’arrêt de la musique, qui mime le côté « humain » de Robocop, signifie qu’un changement a bien eu lieu et laisse le spectateur dans l’attente d’une vision du nouveau Murphy, « le plus impitoyable des flics », selon Morton.


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